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 Street-art : La révolution artistique urbaine
  par Michel LEMOINE (15 Déc 2013)



Le street-art : un mouvement est en marche

 

Le street-art, ou art urbain, regroupe toutes les formes artistiques d’art réalisées dans la rue ou des endroits publics. C’est un art princi-palement éphémère, vu par un large public.

Au niveau des représentations laissées sur les murs de nos villes, il n’est pas toujours facile de savoir si l’on doit distinguer les tags (au sens de signatures dont la calligraphie est travaillée à l’extrême par les « writers »), des graffitis (au sens d’un dessin réalisé à la bombe ou au marqueur, parfois au pochoir, de temps en temps  accompagné de slogans au sens le plus souvent politique, et en général   fait sans autorisation), et des fresques (au sens de réalisations qui peuvent atteindre une taille importante, réalisées à la bombe, au pinceau, au rouleau, au pochoir, … en général faites avec les autorisations nécessaires).  Pas facile de donner une définition derrière chaque mot (celles proposées ici peuvent être contestées), pas toujours facile non plus de positionner une œuvre dans une case, encore moins un artiste : il n’est pas rare qu’un tagueur passe au graffiti, puis à des fresques plus ou moins grandes.

Rouen

Nous allons d’abord essayer de faire un petit historique de ce mouvement en général, puis nous concentrerons notre attention sur les fresques, dans une moindre mesure sur les  graffitis, en laissant de côté les tags pour lesquels notre attirance est plus limitée, et notre connaissance à peu près inexistante.


Historique :

Contrairement à ce que l’on pense en général, l’art du graffiti n’est pas né aux Etats-Unis, mais en Europe (nous ne parlons pas ici des graffitis laissés à Lascaux, ou de ceux qu’on peut trouver gravés dans des prisons ou autres lieux clos). Dès le début des années 1960, ces petits dessins que l’on trouve dans Paris sont déjà comparés à une forme d’art. A partir de 1968, le graffiti prend une tournure intellectuelle, inspiré par la politique, teinté parfois d’humour ou de poésie, des slogans accrocheurs et souvent à double sens fleurissent sur les murs. C'est de cet affichage sauvage et militant que naît une tradition parisienne du graffiti à vocation esthétique.

Les premiers pochoiristes à vraiment se faire remarquer dans la capitale sont Blek le Rat et Jef Aérosol. Nous sommes au début des années 1980. Un peu plus tard viendront Speedy Graphito, Epsylon Point, Miss.Tic et beaucoup d’autres, car le mouvement grandit vite, les artistes se rencontrent, échangent, une véritable communauté est en train de naître.

Dans les années 1960, le mouvement est également fort en Allemagne, à Berlin en particulier, car comme on l’a vu avec mai 68 à Paris, tout évènement social ou politique d’importance est un catalyseur pour l’expression dans la rue. L’édification du mur est un véritable séisme pour l’Europe, et le mur devient un lieu d’expression pour beaucoup de berlinois ou occidentaux venus dans la ville. Aujourd’hui on peut croiser les plus grands noms venus du monde entier dans la capitale allemande, BLU, Dave the Chimp, Inti Castro, JR, Nomad, Os Gemenos, Roa, Vhils, Victor Ash et bien d’autres.

Roa

L’Espagne, pays dans lequel on trouve aujourd’hui des artistes graffitis des plus prometteurs (Borondo, BToy, Escif ou Ethos par exemple) n’est venue au graffiti que plus tardivement.

Le mouvement naît aux Etats-Unis dans le métro new-yorkais seulement dans les années 1970. Cela débuta par la simple représentation de tags (signatures), mais prit rapidement une énorme dimension. Les rames de métros sont rapidement recouvertes d’inscriptions les plus variées, chaque artiste créant de nouvelles typographies en utilisant diverses formes et couleurs. Le but ultime était d’obtenir la célébrité et d’être reconnu par ses pairs, par son style et son audace en réalisant des œuvres dans des endroits souvent interdits et contrôlés.

Des collectifs (ou crews) sont ensuite créés afin de réaliser des graffitis à plus grande échelle. C’est de là qu’est née la culture hip-hop à la fin des années 1970.

Mais au début des années 1980, une loi dans la ville de New-York  sanctionne sévèrement les graffeurs. Les sanctions sont si dissuasives que les artistes partent de New-York  pour aller dans s’autres villes américaines, Chicago, Los Angeles, Washington, Philadelphie avec toujours le même état d’esprit : la liberté d’expression.

Le monde artistique porte de plus en plus d’attention à cette forme d’art qui remue un peu les choses. C’est ainsi que nombre de graffeurs s’intéressent à la peinture sur toile, certains d’entre eux allant même jusqu’à exposer dans des galeries parfois renommées. Ces galeries serviront parfois de véritable plaque tournante pour certains, pour Keith Haring  notamment, qui gagna une grande notoriété suite à l’exposition de ses œuvres.

KEITH HARING

En général ces artistes ne venaient pas de la rue, ils étaient issus de quartiers aisés et avaient étudié l’art ou la communication visuelle. Mais pour eux, la rue était un espace d’expression qui leur permettait d’être vus par le plus grand nombre. Ils vont développer des techniques de plus en plus sophistiquées, comme Banksy qui utilise des pochoirs découpés avec une grande précision pour les peindre ensuite à la bombe aérosol, au pinceau ou au rouleau.

Les années 1980 ont été l’âge d’or du graffiti (au sens large), les années 1990 seront les années de la récession. Comme à New-York, la répression s’abat un peu partout sur les artistes, on veut des villes propres, nettes. De nombreux artistes se détournent du graffiti, ils se tournent vers les galeries ou les annonceurs.

En France, les difficultés économiques amènent nombre d’immeubles à l’état d’abandon. Les squats fleurissent. Dans le 20ème arrondissement de Paris, un programme urbanistique d’importance laisse peu d’espoir aux habitants. Le Paris populaire, les immigrés, les squatteurs, les SDF, les artistes doivent se battre et faire face ensemble pour sauver leur quartier. Miss.Tic, Mesnager, Nemo et Mosko et associés vont être le fer de lance de ce combat en investissant les terrains vagues des quartiers concernés.

Mesnager


Les années 2000 sonnent le renouveau de l’art urbain :

Pourquoi ce renouveau ?

- Le climat politique se dégrade fortement, en particulier avec le 11 septembre 2001, le climat social est placé sous le signe de la révolte et de la contestation, l’environnement économique tourne au cauchemar, autant d’éléments qui favorisent le regain des expressions urbaines spontanées.

- Le développement d’Internet : l’ouverture d’un site sur un thème donné devient possible. Quelques sites spécialisés dans l’art urbain ouvrent dès le début des années 2000, mais surtout des sites de partage de photos tels Fotolog, Myspace ou Flickr, sans parler de Facebook. En 2012, plus de 500 millions de photos ont été mises en ligne sur Flickr, pas toutes concernant le street-art bien sûr, mais les photographes d’art urbain ont rapidement tissé leurs réseaux sur ce site. Tous ces moyens permettent une diffusion rapide et large de toute l’actualité urbaine de la planète.

C215
C215  : exposition au musée de la Poste en janvier 2013 (Pour lire le magazine, cliquer sur la photo)

- Le monde des galeries a longtemps été fermé aux street-artists, soit parce qu’ils ne souhaitaient pas exister sur le marché de l’art, comme Nemo, soit parce que les galeries ne s’intéressaient pas à eux – ce qui était le plus fréquent. Au milieu des années 2000, on ne comptait qu’une poignée de galeries soutenant le street-art (Chappe, Magda Danysz, Addict, Anne Vignal ou la Ligne 13). En 2004, la galerie Itinerrance ouvre ses portes dans le 13ème arrondissement de Paris, et dès 2008 organise des expositions de quelques artistes en renommée ou en devenir. On peut citer YZ, Jana & JS, Btoy, Oricanoodles, Logan Hicks, M-City, C215, Inti Castro, Ethos, Borondo et quelques d’autres. Depuis peu, une deuxième galerie s’est installée dans le 13ème et propose aussi un espace aux la galerie Mathgoth. On y a vu récemment Jorge Rodriguez-Gerada, David Walker, Cop2 ou Dan23.

David Walter


- La politique de nombreuses municipalités vis-à-vis du graffiti change ; de la guerre, elles passent petit à petit à la tolérance – souvent encadrée –, voir à la collaboration. Ainsi, dans de nombreuses villes, des murs « libres » sont donnés aux graffeurs, ces murs étant plus ou moins encadrés par les graffeurs eux-mêmes. Elles acceptent de plus en plus que les murs de leur cité soient utilisés « raisonnablement » par les graffeurs, à partir du moment où la population approuve les œuvres faites (il faut donc un minimum d’approbation des riverains, qui s’obtient sans difficulté si les œuvres sont de qualité). Elles libèrent même des murs entiers pour que des street-artists réalisent de grandes fresques.

Vitry-sur-Seine est le meilleur exemple de ville française ouverte au street-art. En moins de 5 ans, sous l’impulsion de C215, elle devenue une véritable galerie à ciel ouvert où l’on peut rencontrer les plus grands : Alicé Pasquani, Borondo, David Walker, El Seed, Ethos, Gaia, Guy Denning, Hopnn, Jimmy C, Kashink, Kouka, Liliwenn, Nychos, Philippe Baudelocque, Roa, Roti, Seize, Seth, Stew, Vexta et tant d’autres.

C215











          Philadelphie a vu son statut passer de « capitale des tags » faits dans tous les sens n’importe où, n’importe comment dans les années 1980, à celui de « capitale mondiale des fresques murales » aujourd’hui. On y compte plus de 3500 réalisations – principalement faites par des locaux – qui attirent maintenant des cars entiers de touristes.
      Le 13ème arrondissement de Paris est probablement le meilleur exemple français d’une politique de la ville soutenant activement le street-art. En moins de 5 ans là encore, et avec la participation active de la galerie Itinerrance, une vingtaine de grandes fresques ont été produites par des grands noms, Ethos, M-City, C215, Jana & JS, Rero, Inti Castro, Zed, Maher et Aner, Vhils, Shépard Fairey (Obey), Sainer. Le maire en vise une centaine de fresques d’ici quelques années.
Remarquons qu’une petite commune de Seine-et-Marne, Montry, a monté et continue à monter une petit musée à ciel ouvert parallèle à celui du 13ème – une conséquence des liens du Directeur d’Itinerrance, Mehdi ben Cheick.



      • Citons également Fleury-les-Aubrais pour une initiative remarquable prise en 2013 : pour fêter les 10 ans de son festival « Cheminance », elle a fait réaliser 10 fresques illustratives des 10 thèmes des éditions passées. Les artistes associés à cette très belle entreprise : Seth, Saner, Russ, Waone, Mono Gonzalez, Dem189, Cekis, Natalia Rak et Mathias Breze.

Seth

- Cette politique assouplie de la ville a permis la création d’expositions et de festivals qui ont explosé un peu partout dans le monde ; pour n’en citer que quelques-uns :

En 2001, Les Lézarts de la Bièvre invitent Miss-Tic pour baliser leur premier parcours. Mesnager, Mosko et associés, Nemo, Artiste-Ouvrier, Speedy Graphito, FKDL, Jef Aérosol, Jana & JS, Philippe Baudelocque et Julien Malland (Seth) se sont succédés jusqu’en 2013.

Lézart

En 2002, Bagnolet crée le festival Kosmopolite. Ce festival ayant eu quelques problèmes de financement a dû se déplacer à Louvain-la-Neuve en 2012 et Amsterdam en 2013, mais parions qu’il reviendra vite à Bagnolet. Près de 700 artistes ont pu se rencontrer et partager avec le public depuis la création du festival.

En 2003, c’est « Paris Pochoirs », une exposition réunissant un grand nombre d’artistes français qui est organisée dans le squat du 59 de la rue de Rivoli. On retrouve les « historiques », Blek le Rat, Epsylon Point, Mosko et Associés, Mesnagerou Nemo.

En 2004, c’est « Stencil Project », qui invite une cinquantaine d’artistes internationaux à intervenir dans l’est parisien.

En 2005, le Melbourne Stencil Festival se focalise sur des artistes de la scène nationale, mais invite également des américains, des canadiens et des anglais.

En 2007, la première édition de « Difusor » à Barcelone ; 90 artistes de 18 nations sont rassemblés durant un weekend. On y retrouve Vhils, M-City, Orticanoodles, mais aussi Artiste-Ouvrier ou FKDL

En 2008, une réunion est organisée par Banksy dans le tunnel désaffecté de Leake street à Londres, le Cans ; une centaine d’artistes viennent du monde entier pour couvrir les quelques centaines de mètres du tunnel : Logan Hicks, Vexta, C215, M-City… mais aussi des « anciens » comme Blek le Rat ou Artiste-Ouvrier.

Depuis 2011, Niort organise le festival 4ème mur : chaque année, cinq ou six artistes sont invités à prendre possession de quelques murs dans la ville. On y a vu Escif, Ericailcane, Alexöne ou Vhils.

Niort

En 2011 et 2012, Liliwenn à Brest organise 12 sessions durant lesquelles une vingtaine d’artistes viendront investir les murs de la ville. Outre des « vedettes » tels C215 ou Jef Aérosol, une occasion des découvrir les « locaux » tels Pakone, da Mental Vaporz (DMV) ou Céleste Java, et des talents internationaux tels Finbarr Dac, Guy Denning ou Kool Koor.

Liliwenn

En 2013, Rennes organise son premier « Teenage Kicks ». Pour cette première édition, on retrouve Seth, Mioshe, Aryz et Mathias Breze

Rennes

En octobre 2013, la galerie Itinerrance et la mairie du 13ème arrondissement de Paris confient à une centaine d’artistes venus de 16 pays l’intérieur et l’extérieur d’une tour de 9 étages promise à la destruction. Parmi cette centaine d’artistes venus de tous les horizons, citons ceux issus du monde arabo-musulman très en pointe depuis le « printemps arabe » : A1one, Aous, Azooz, Dabro, Deyaa, El Seed, Maryam et Maz

L’ensemble de ces éléments a permis, et permet toujours à l’art urbain de connaître un développement remarquable. Partout à travers le monde des artistes venus de tous horizons nous proposent des fresques et des graffitis de grande qualité. Les artistes se déplacent beaucoup, vont à la rencontre des artistes des autres pays, ce qui permet à chacun de voir dans sa propre ville, ou son propre pays, des œuvres « venues d’ailleurs », et Internet permet une diffusion rapide et efficace des pièces les plus remarquables aux quatre coins du monde.

A travers ce mouvement, trois objectifs sont atteints :

      - La diffusion de l’art
vers le plus grand nombre : Tous ceux qui ne poussent jamais la porte d’une galerie ou d’un musée peuvent avoir accès à une forme d’art contemporain qui n’est pas sans valeur. Ils n’ont pas à aller vers l’art, c’est l’art qui vient à eux.
      - La reconnaissance des artistes : Il ne faut pas être angélique, un artiste essaye de vivre de son art, il a besoin de publicité et de reconnaissance. Les œuvres qu’ils laissent dans la rue sont sa publicité, et cette publicité est très efficace si les pièces qu’il laisse à notre vue interpellent, ne laissent pas indifférent.
      - L’embellissement de l’environnement : Quoi de plus triste et déprimant qu’un grand mur gris ? Le street-art permet de mettre de la couleur et de la vie dans nos villes, il participe à une urbanisation plus humaine. Les villes en sont de plus en plus souvent conscientes, et c’est bien pour cela qu’elles commencent à encourager un mouvement qui leur coûte bien moins cher que de faire appel à des artistes spécialisés dans la réalisation de trompe-l’œil ou fresques murale de type CitéCréation, 7ème Sens ou A-Fresco, et qui permet d’encadrer une pratique qui était parfois envahissante. Concurrence déloyale ?


En tous les cas, il n’est pas question de dénigrer le remarquable travail produit par ces artistes muralistes « professionnels », la différence avec le street-art résidant dans le financement (un street-artist travaille « gratuitement » dans la rue, un muraliste vit des murs qu’il réalise), dans la technique (le muraliste a une très grande maîtrise des perspectives et des effets trompe-l’œil, le street-artist en général pas), dans la personnalisation de l’œuvre (le muraliste compose un décor sur commande, souvent avec un talent artistique certain, le street-artist exprime sa sensibilité artistique, dans son style). Deux mondes qui se côtoient, se complètent, et qui répondent aux trois objectifs cités plus haut.
 

Un mouvement qui devrait continuer à croître et embellir, à condition que l’équilibre actuel puisse être conservé, voir consolidé. Dans l’équilibre, il y a le droit d’accès aux espaces (il faut éviter que n’importe qui puisse faire n’importe quoi n’importe où – et s’il se met à y avoir trop de monde on risque de revenir à la cacophonie), il y a la qualité ressentie par les riverains (l’acceptation est nécessaire, essentielle, c’est de leur espace quotidien dont on parle), il y a le côté marchand et financier (récemment un graffiti de Banksy à Londres a été découpé – la surface profonde du mur a été découpée !! – pour le vendre plusieurs centaines de milliers d’euros !!!). Un équilibre fragile qui nécessite de la responsabilité, de l’écoute, du respect.

Les fresques de Vitry sur Seine sur une carte :

Article de Michel LEMOINE (Déc 2013)

 

 

 

 

 

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